Je n’eus pas un moment tranquile, chere Julie, avant de recevoir Votre lettre, mais s’il est possible que la tendre amitié que j’avois pour Vous puisse augmenter, elle est monté aprésent au plus haut degré. Oui, digne Julie, aucunes paroles ne peuvent exprimer ce que je sens. Mon coeur est penetré d’admiration et de tendresse. Je ne suis point enthousiaste, je n’outre jamais, je Vous dis tout simplement ce qui se passe dans mon coeur. Pourqu’oi ètes Vous si parfaite, mon amie? Vous me faites perdre l’esperance de pouvoir Vous ressembler; je garderois Votre lettre comme un chef d’oeuvre. Votre caractere exellent, la justesse de Votre esprit, la tendresse de Votre coeur, tout y est peint, et moi j’ose me vanter d’avoir une telle amie? Ah si jamais le ciel me rendit malheureuse, je ne le serois pourtant pas tout a fait, car votre coeur est trop constant pour vouloir me priver de la douce consolation que Julie de Studnitz est mon amie. Vous partagerés mes peines, je serois la confidente des Votres. Quel image! chere Julie! ...
Madame Mara a èté ici. Vous aurés entendu sans doute sa voix divine, je n’ai donc pas besoin de Vous le dire encore combien elle ma ravie, Vous connoitrés aussi son mari avec son humeur altiére et brusque et son talent exellent pour le violonchelle, mais je ne le puis souffrir. Elle donna deux concerts ici, la première elle chantoit divinement. Quelqu’un qui avoit entendu la celebre Gabrieli me dit que celle ci chantoit mieux; mais la Seconde fois elle ne le fit pas si bien, parceque son mari lui faisoit perdre toute contenance par ses brusqueries continuelles. Il possede donc toute ma haine. ...